Traduction (Traducteur) – Fiche métier

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Traduction (Traducteur)

Traduction

La traduction est le fait d’interpréter le sens d’un texte dans une langue (langue source, ou langue de départ), et de produire un texte ayant un sens et un effet équivalents sur un lecteur ayant une langue et une culture différentes (langue cible, ou langue d’arrivée).

Jusqu’ici, la traduction est restée une activité essentiellement humaine. Des tentatives ont cependant été faites pour automatiser et informatiser la traduction (traduction automatique), ou pour utiliser les ordinateurs comme support de la traduction humaine (traduction assistée par ordinateur).

Le but de la traduction est d’établir une équivalence entre le texte de la langue source et celui de la langue cible (c’est-à-dire faire en sorte que les deux textes signifient la même chose), tout en tenant compte d’un certain nombre de contraintes (contexte, grammaire, etc.), afin de le rendre compréhensible pour des personnes n’ayant pas de connaissance de la langue source et n’ayant pas la même culture ou le même bagage de connaissances.

 

Traduction et interprétation

Il existe une différence entre traduction, qui consiste à traduire des idées exprimées à l’écrit d’une langue vers une autre, et interprétation, qui consiste à traduire des idées exprimées oralement ou par l’utilisation de parties du corps (langue des signes) d’une langue vers une autre.

Bien que l’interprétation semble être un sous-domaine de la traduction si l’on examine la théorie derrière les processus des deux métiers (études en traduction), la pratique démontre que ces professions requièrent des aptitudes très différentes.

 

Théories de la traduction

 

Le processus de traduction

Le processus de traduction consiste en trois phases successives :

  1. compréhension : assimilation du sens véhiculé par un texte, du vouloir dire d’un auteur… ;
  2. déverbalisation : oubli des mots et conservation du sens ; « Opération par laquelle un sujet prend conscience du sens d’un message en perdant conscience des mots et des phrases qui lui ont donné corps. »[1]
  3. réexpression : reformulation du vouloir dire en langue cible.

 

Types de traductions

Sur le marché du travail, on distingue deux types de traduction : la traduction de textes pragmatiques et la traduction littéraire. La majorité des traducteurs professionnels traduisent des textes pragmatiques.

 

Traduction pragmatique

La traduction pragmatique concerne les documents tels que les manuels, feuillets d’instructions, notes internes, procès-verbaux, rapports financiers, et autres documents destinés à un public limité (celui qui est directement concerné par le document) et dont la durée de vie utile est souvent limitée.

Par exemple, un guide d’utilisateur pour un modèle particulier de réfrigérateur n’a d’utilité que pour le propriétaire du réfrigérateur, et restera utile tant que ce modèle de réfrigérateur existera. De même, la documentation logicielle s’adresse généralement à un logiciel particulier, dont les applications concernent une catégorie d’utilisateurs.

La traduction de textes pragmatiques exige souvent des connaissances spécialisées dans un domaine ou un autre. Font partie des textes pragmatiques :

  • Les documents d’ordre technique (informatique, électronique, mécanique, etc.)
  • Les textes scientifiques (astronomie, médecine, géologie, etc.)
  • Les textes d’ordre financier ou administratif.

La traduction pragmatique est un type de traduction souvent « anonyme » dans lequel le traducteur peut ne pas être associé au document traduit, tout comme certaines entreprises ne font pas mention des auteurs de guides d’utilisation des produits. Cependant, dans le cas de la traduction de livres à contenu informatif, le traducteur sera mentionné dans la section de responsabilité primaire de l’item bibliographique du livre.

En général, la traduction pragmatique est plus accessible et rapporte un salaire plus élevé que la traduction littéraire. Cette dernière est effectuée avant tout par amour de la langue et du texte original, ou par volonté de faire connaître toutes les subtilités d’un texte admirable écrit en langue étrangère.

 

Écoles de pensée

Selon l’école de pensée cibliste, il est nécessaire de privilégier l’exactitude des propos au détriment de la stylistique, lorsque cela s’impose. Pour « faire passer son message », la traduction devra parfois échanger les éléments culturels du texte original par des exemples équivalents, mais mieux connus des lecteurs de la culture d’arrivée. Le plus important demeure le sens du message que tente de véhiculer l’auteur. Le traducteur doit d’abord faire passer ce message de manière idiomatique et naturelle pour le lecteur en langue d’arrivée, tout en demeurant fidèle au langage, au registre et au ton employé par l’auteur du texte en langue de départ.

Selon l’école de pensée sourcière, le traducteur a la responsabilité de traduire en demeurant entièrement fidèle à la forme du texte original. Le traducteur devra donc reproduire tous les éléments stylistiques de l’original, employer le même ton, laisser tous les éléments culturels intacts et même (à l’extrême) contraindre la langue d’arrivée à prendre la forme dictée par le texte de départ. Le traducteur sourcier s’occupera d’abord de ne pas trahir le véhicule employé par l’auteur, et ensuite tâchera de bien rendre le sens du message.

(Voir Critiques de la traduction ci-bas.)

 

Difficultés reliées aux domaines de spécialité

Pour réaliser des traductions pragmatiques utiles, il est nécessaire de maîtriser le jargon du domaine et savoir employer les bons termes; une traduction qui ne reflète pas l’usage courant et l’évolution de la langue de spécialité ne saurait intéresser ses lecteurs, au même titre qu’on n’écrit plus comme en 1750.

Certains domaines (comme l’informatique) évoluent à une vitesse vertigineuse, au point où le jargon spécialisé de la langue d’arrivée (p. ex. le français) n’arrive pas à s’enrichir assez rapidement pour compenser l’évolution de la langue d’origine (p. ex. l’anglais). Dans cette situation, le traducteur peut être confronté à l’absence d’équivalent français (donc à la création d’un néologisme); à une quantité de néologismes à peu près équivalents ou à l’alternative composée d’un terme obscur et bien connu, et d’un terme plus précis, mais moins employé.

La traduction de logiciels (qui comporte deux phases distinctes, l’internationalisation et la régionalisation) est un processus qui diffère de la simple traduction textuelle à divers degrés.

 

Traduction littéraire

Ce type de traduction concerne les romans, poèmes et autres créations artistiques du domaine littéraire.

La traduction littéraire demande des aptitudes en stylistique, une bonne imagination et des connaissances culturelles étendues. Il s’agit de reproduire l’effet intégral du texte original chez le lecteur en langue d’arrivée, autant que le sens des mots. La traduction doit être aussi plaisante à lire, et susciter les mêmes émotions que l’original. Les grands traducteurs, quelle que soit la langue, ont une formation très exigeante, études littéraires et universitaires, dans leur langue maternelle, langue vers laquelle ils traduisent (Jean-François Ménard, Laetitia Devaux). Ils sont souvent eux-mêmes écrivains.

 

Le problème de la double traduction

Une difficulté bien connue des traducteurs, et dont on a peu conscience en dehors d’eux, est le fait que le texte à traduire est parfois déjà une traduction, pas nécessairement fidèle, et qu’il faut dans la mesure du possible essayer de la dépasser pour remonter à l’original.

L’exemple classique est constitué par les Évangiles, qui nous rapportent en grec des propos tenus évidemment en araméen ; comme les originaux semblent perdus, s’ils ont jamais existé, il en résulte des querelles d’érudits, par essence interminables. Un autre exemple est constitué par les textes latins du moyen-âge où des clercs s’efforçaient de transposer dans la langue de Cicéron des réalités dont Cicéron n’avait pas la moindre idée, allant jusqu’à faire d’un « archevêque » un « archiflamen ».

De nos jours cependant le phénomène s’est amplifié et se présente sous des formes diverses.

Il y a d’abord l’utilisation consciente d’une langue-pont ; s’il faut traduire en grec moderne un texte estonien, on pourra avoir du mal à dénicher un traducteur connaissant à la fois les deux langues et le sujet traité. C’est d’une traduction, généralement en anglais, dont partira le traducteur. L’imprécision de cette langue peut présenter des problèmes, comme le fait remarquer Claude Piron avec cette phrase dont il avait dû contrôler la traduction française : He could not agree with the amendments to the draft resolution proposed by the delegation of India. Le premier traducteur ne pouvait savoir si proposed se rapportait à amendments ou à resolution et il avait choisi la mauvaise solution. Claude Piron, qui avait sous les yeux l’ensemble du rapport, a pu rectifier[2]

Mais le problème est souvent que, l’anglais passant pour langue internationale, comprise partout, on aura instinctivement recours à lui en s’imaginant par là faciliter les choses. Le responsable d’une entreprise espagnole veut écrire à une entreprise française ; le plus simple serait qu’il jetât les grandes lignes dans sa langue, qu’une secrétaire mît le texte en forme et qu’il le relût avant envoi, ayant ainsi exprimé sa pensée du mieux possible. Le destinataire remettrait la lettre à un traducteur d’espagnol vers le français et recevrait en retour la version la plus proche de l’original. Dans la pratique le responsable espagnol jugera plus poli de demander à une secrétaire supposée bilingue d’écrire dans la langue de Sa Gracieuse Majesté, et la secrétaire la rédigera donc dans ce qu’elle croira être de l’anglais. Il est possible que le correspondant, ne comprenant rien au charabia qu’on lui envoie, soit tout de même contraint de s’adresser à un traducteur, lui prêtant sans doute des pouvoirs surhumains, et le malheureux devra se donner beaucoup plus de mal pour traduire qui s’il avait eu directement sous les yeux le texte espagnol.

Un état d’esprit analogue jouera quand une société internationale dispose d’un texte allemand et de sa traduction en anglais et qu’elle a besoin maintenant d’une version française. C’est presque automatiquement que l’on enverra à un traducteur la version anglaise qui sera susceptible de lui poser infiniment plus de problèmes que l’original, original qu’on ne songe pratiquement jamais à joindre.

 

Critiques de la traduction

Pour obtenir une traduction « intelligente », sensible, il convient d’oublier non les connaissances acquises à l’école ou à l’Université mais les normes des correcteurs. L’un voulait qu’une version latine sentît le latin, et il fallait donc écrire « un glaive d’airain », un autre estimait que dans une version réussie on ne devait pas pouvoir deviner la langue d’origine et il conseillait « une épée de bronze » ; on se rend compte par la suite que l’un et l’autre avaient à la fois raison et tort et que leur seul défaut était de présenter leur exigence comme une vérité absolue.

Marc Bloch a posé la question en écrivant dans Apologie pour l’Histoire :

« Il serait fâcheux, avouons-le, de voir les historiens encombrant leurs propos de vocables étrangers, imiter ces auteurs de romans rustiques qui, à force de patoiser, glissent à un jargon où les champs ne se reconnaîtraient pas mieux que la ville. En renonçant à tout essai d’équivalence, c’est souvent à la réalité même que l’on ferait tort. Un usage qui remonte, je crois, au dix-huitième siècle, veut que serf en français, ou des mots de sens voisin dans les autres langues occidentales, soient employés à désigner le chriépostnoï de l’ancienne Russie tsariste. Un rapprochement plus malencontreux pouvait difficilement être imaginé. Là-bas, un régime d’attache à la glèbe, peu à peu transformé en un véritable esclavage ; chez nous, une forme de dépendance personnelle qui, malgré sa rigueur, était très loin de traiter l’homme comme une chose dépourvue de tous droits : le prétendu servage russe n’avait à peu près rien de commun avec notre servage médiéval. Cependant, dire tout bonnement « chriépostnoï » ne nous avancerait guère. Car il a existé en Roumanie, en Hongrie, en Pologne et jusque dans l’Allemagne orientale, des types de sujétion paysanne étroitement apparentés à celui qui s’établit en Russie. Faudra-t-il, tout à tour, parler roumain, hongrois, polonais, allemand ou russe ? Une fois de plus, l’essentiel échapperait, qui est de restituer les liaisons profondes des faits, en les exprimant par une juste nomenclature.»

Cela montre toute la différence entre la traduction scolaire et la traduction adulte. Les professeurs s’entendent au moins sur ce principe : « Si une phrase est ambiguë, la traduction doit l’être aussi » ; sans doute veulent-ils que l’élève profite de l’occasion pour montrer sa virtuosité, mais quel traducteur, voyant devant lui les mots « his secretary » ne cherchera pas à savoir, même en dehors du texte qu’on lui soumet, s’il s’agit de « son secrétaire » ou de « sa secrétaire » ? Traduire revient souvent à choisir.

Nous en arrivons alors à une deuxième critique, moins facile à argumenter, qui s’appuie sur la phrase italienne à la formulation particulièrement vigoureuse :

Traduttore…Traditore !

Cette critique soutient que toute traduction revient trop à trahir l’auteur, son texte, l’esprit de celui-ci, son style… à cause des choix à faire de toute part. Que sacrifier, la brièveté ou la clarté, si dans le texte la formule est brève et efficace, mais impossible à traduire en si peu de mots avec ce sens précis ? Dans cette deuxième critique on pourrait y comprendre que cela nous encourage à lire dans le texte. Mais si tel est le conseil sous-entendu, il paraît évident qu’il est impossible à suivre dans les faits.


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